Introduction
La culpabilité. Dans ce cycle infernal que provoque ce sentiment de honte, on retrouve une mère qui se sent coupable de l’abandon, une mère adoptive culpabilisée devant son incapacité à remplacer cette mère de naissance, et pour finir, un enfant qui se sent coupable d’être né.
Pour ma part, un phénomène s’est installé très tôt. Après avoir vécu une solitude extrêmement douloureuse durant mon adolescence, le déclic s’était produit. Il était vital pour moi d’affronter, de combattre et de m’imposer. J’ai commencé à exprimer ou plutôt crier ma souffrance, grâce à une activité artistique, d’ailleurs les textes écrits et interprétés, le relatent parfaitement.
Père de famille très jeune, pour combler ce vide, adversité quasi-permanente dans le quotidien, et enfin, ce voyage spirituel qui m’a apporté un apaisement et une détermination inébranlable.
Mon vrai nom ne me faisait plus peur, au contraire je l’imposais à tout le monde. Cet engrenage m’a permis d’atteindre la résilience. Ce terme emprunté à la physique par les psychothérapeutes, désigne la capacité d’affronter avec succès les risques et les déboires sérieux de l’existence.
Lors d’une rencontre avec une psychologue, et après lui avoir raconté un peu mon parcours, elle a subitement évoqué le terme "résilient". Je ne comprenais pas. La thérapeute, devant mon insistance, a fini par quasiment me donner un cours sur le concept de la résilience.
« Frapper deux coups pour créer un traumatisme. Pour ce qui concerne l’enfant abandonné: Le premier coup, dans le réel, est la blessure, on a mal, on a froid, on est humilié. Le traumatisme naît du second coup, porté par la représentation du réel. Je suis né hors mariage et vous m’insultez en me nommant b…, je souffre de ce qui m’est arrivé, mais surtout de l’idée que vous me renvoyez ». (Boris Cyrulnik.)
Au-delà des interrogations, le malaise d’un abandonné est nourri par les regards, les mots et les comportements compatissants qui viennent entretenir sans cesse sa blessure. La raison qui me poussa à écrire, a été soutenue par l’odieuse bêtise humaine de certains, arrogances, indifférences, discriminations.
Après l’injustice incarnée par le verdict du destin subi à la naissance, le pupille est confronté - et je pense à celui qui n’a pas eu ma force où la chance de quelques-uns -, à l’humiliation provoquée par les différents qualificatifs employés à son égard:
Adultérin, illégitime, et j’en passe. Tous ces mots finissent par le réduire à une chose humaine, coupable d’être née !
" L’expérience et les épreuves données ici, permettront je l’espère de contribuer à l’apaisement des concernées, mais surtout à une prise de conscience collective. "
(Extrait du livre "Pupille de l'Etat - La Peur de l'Inconnu " de Mohamed-Chérif ZERGUINE)